L’idée de créer ce journal est née il y’a maintenant plusieurs années. Un projet que l’on porte depuis si longtemps que l’on ne se souvient plus exactement des motivations de départ. Peut-être est-elle née d’un sentiment de frustration, d’indignation, apparu après une colère de trop. Peut-être. Ou alors d’une envie de revanche ? Voir la Paillade, ou n’importe quel autre quartier, vengée par un article aux mots choisis, bien sentis, après une énième insulte sur la place publique prononcée par un de nos politiques ? Peut être.
Que de raisons peu constructives tout ça, pas suffisamment tournées vers l’intérieur, trop orchestrées par obscures intrusions dans nos vies, au cœur de nos goûts, de nos convictions, de nos trajectoires rêvés, bref… Il n’est plus question aujourd’hui d’y répondre, et de ne commencer à penser qu’au coup de feu d’une nouvelle provocation, injustice, qui elle seule autoriserait la naissance d’une pensée.
Notre ligne éditoriale prend son élan dans une urgence, dans une envie de rester nous même. Et à vouloir absolument cultiver quelque-chose qui nous est propre, on comblera peut-être « accessoirement » un manque : ce que l’on rêvait de voir écrit sur les quartiers, sans l’avoir jamais lu jusque là ! A défaut d’une ligne éditoriale parfaitement balisée, nous vous confions, comme on accorde un indice de mettre des mots. Nous ne nus livrerons donc pas une définition forcée, et cela sied bien à ce journal, d’opinions, où nous chercherons thème après thème exploré, à découvrir qui l’on est, ce que l’on vaut.
Article après article, nous ferons d’abord le tour du bien que l’on peut se faire. Par pragmatisme, nous parlerons essentiellement de ce qui nous paraîtra le plus réalisable, le plus près de nous… Ce qui ne tient qu’à nous de voir changer. Nous nous demanderons, vous questionnerons, sur le comment, malgré le sentiment de rejet, le racisme, malgré l’époque (déshumanisante, qui semble vouloir du mal à tous cette fois) malgré cela, comment rester solidaire, sans céder au communautarisme, comment rester digne, sans pour autant baisser les bras !
Quand il n’y aura plus de ces sujets, de ceux qui contribueront, à poursuivre, envers et contre tout, cette grande quête commune à tous, s’épanouir, s’accomplir quand même, alors nous parlerons d’ailleurs, de ces autres si loin de nos préoccupations, si loin, donc, d’une solution qui change un quotidien.
Il y a ce que les institutions doivent faire et ne font pas. Il y a ce que les institutions peuvent faire et font (quoi de plus normal ?). Nous insisterons ailleurs : il y a aussi ce que les institutions peuvent faire, et NOUS aussi ! Il y a ce que les institutions ne peuvent pas faire mais nous OUI.
Les quartiers sont pleins de gens de talent, de tous les talents ! Nous solliciterons beaucoup d’entre vous pour venir écrire des articles ! Pour témoigner. Dire, simplement. Il y aura dans ce journal une chambre d’ami, une page qui vous attend.
En cette époque où chaleur humaine, solidarité, souci de l’autre fichent le camp à vitesse grand V, il subsiste dans les quartiers quelque-chose qui ne fond pas comme neige au soleil. L’offensive pourra paraître osée pour ceux qui ne connaissent pas vraiment la Paillade, mais nous disons que les quartiers ont aussi beaucoup à apprendre aux autres. Ils sont, par bien des aspects, peut être les plus essentiels, un exemple à suivre. On échange ?!
N. Bara